Livres

L’exode des cerveaux (Figura [Collection Photons], 2020, 76 pages) Cette enquête est consacrée aux fictions philosophiques portant sur des extractions, transferts et greffes de cerveaux, en tout ou en partie. Habituellement employés comme des outils dans la réflexion sur l’identité personnelle, ces récits sont ici le foyer de l’investigation. L’examen de leur évolution tantôt subtile, tantôt radicale, de leurs personnages et de leurs motifs, des dialogues qu’ils entretiennent avec des fictions littéraires et cinématographiques apparentées, ainsi que des réflexions des auteurs sur leur poïétique, brosse le portrait de ce que pourrait être une philosophie de série B remplie de monstres et de merveilles. On y suit le cerveau vagabond avant de suivre la théorie, bien que les deux logent souvent à la même enseigne.

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Kaléidoscorps. Sur quelques métamorphoses dans la littérature québécoise (L’instant même, 2019, 156 pages) Tel un kaléidoscope, qui recombine à l’infini un nombre fini d’images et de symboles, ce livre donne à voir de nombreuses métamorphoses corporelles, des plus étranges – des hommes deviennent plante, légume, oiseau, femme, singe ou gâteau, des femmes deviennent abeille, chat ou lapin, partent à l’aventure dans le monde surréaliste de leur propre tête – aux plus subtiles et insidieuses. Les métamorphoses du corps engendrent plus que des transformations physiques : elles sont le plus souvent productrices de nouveaux discours, libérant un dire jusque-là tenu captif, ou une créativité qui trouve dans le corps son fond et sa forme. Les corps des différentes œuvres dialoguent parfois en multipliant les espaces limbesques : la transformation place le corps entre le même et l’autre, le vrai et le faux, l’humain et l’animal, ce qui est perdu et ce qui est retrouvé.

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La greffe de tête. Entre science et fiction (Liber, 2017, 182 pages) En 2015, le neurochirurgien italien Sergio Canavero a provoqué une onde de choc en promettant une première greffe de tête humaine avant la fin 2017. Mais ce n’était que la plus récente étape d’une vaste entreprise médicale et médiatique amorcée deux ans plus tôt par la publication d’un article controversé exposant le projet. Scientifiques, journalistes, bioéthiciens, théologiens, blogueurs, ont tenté d’en prendre la mesure. Plusieurs fictions — romans, films, jeux vidéo — en ont illustré les aspects. C’est dans ce labyrinthe que s’aventure cet essai. Tout en décrivant le projet d’une greffe de tête humaine, il en rappelle la préhistoire — littéraire et scientifique — et en approfondit les enjeux éthiques et philosophiques. Il se déploie ainsi entre la science et la fiction, suivant en cela le docteur Canavero lui-même qui, à certains égards, ressemble au savant fou d’un étrange feuilleton.

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Marques cultes et culte de la marque chez les jeunes. Penser l’adolescence avec la consommation (PUL, 2016, 190 pages) Dans un monde où règne la consommation, les marques sont devenues des symboles : portées par les vedettes du sport et du cinéma, exposées au regard de millions de téléspectateurs, parfois gages de qualité ou indices de prestige, elles ne sont plus seulement des véhicules destinés à la promotion d’objets auréolés par la griffe ou le logo. Elles sont aimées, rejetées, discutées, débattues. Sujettes à des passions, elles incarnent pour certains des valeurs et représentent pour d’autres l’appartenance, le bon goût, voire la réussite. De Nike à Apple, de Marvel à McDonald’s, cet ouvrage analyse les appropriations et les détournements des marques par les adolescents qui, lentement, entrent dans le monde de l’hyperconsommation que leur présentent les adultes…

L’imaginaire de la greffe. Le même et l’autre dans la peau (Liber, 2015, 146 pages) La greffe dont il est question ici est celle dont parle la culture relayée par des oeuvres d’imagination. Reprenant le Frankenstein de Mary Shelley aussi bien que les films de David Cronenberg, en passant par L’île du docteur Moreau de H. G. Wells et Les yeux sans visage de Georges Franju, l’auteur recense les multiples formes de la greffe au travers desquelles on ne cesse de reprendre l’ambiguïté de la tentation prométhéenne de créer un nouvel homme. Certes souvent sans fondement scientifique, les récits qui en résultent sont pourtant d’une grande richesse pour toutes les tensions qu’ils mettent en lumière : entre corps et âme, intérieur et extérieur, unité et dualité, vie et mort. Car si elle affecte directement le corps, la greffe touche également le greffé dans sa vie intime et psychologique, et soulève un grand nombre de questions identitaires. À l’époque du post-humain, où la médecine procède à des greffes de manière routinière, cette réflexion invite à s’interroger sur ce que nous sommes et sur les effets du déplacement des frontières qui nous définissent.

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La culture recyclée en dix chapitres réutilisables (Liber, 2012, 146 pages) De nos jours, une vie sans recyclage ne semble guère envisageable. La dimension environnementale du recyclage est la plus connue, et c’est elle qui a durablement installé le thème dans les consciences. Ce n’est cependant pas la seule. Ce livre suggère que le recyclage a acquis une extension si considérable au fil du temps qu’il constitue désormais un élément incontournable dans toute étude de la culture. Recycler, après tout, c’est aussi consommer ou produire, mais sans inventer quelque chose d’absolument neuf : le recyclage implique la réutilisation de ce qui a déjà servi. À défaut d’inventer, le recyclage culturel peut être inventif — ne pas engendrer de nouveaux objets, mais faire surgir un sens différent, en vertu d’interprétations et de réappropriations. Citer ou traduire un texte, adapter un roman au cinéma, produire le remake d’un film à succès, intégrer des souvenirs dans une œuvre, plagier l’œuvre d’autrui et jouer un rôle font partie des exemples de recyclage culturel évoqués dans cet ouvrage, qui reconsidère l’opposition traditionnelle de l’ancien et du nouveau, de l’originalité et de la redite.

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La culture des contraires. Éclectisme, syncrétisme et bricolage (Liber, 2011, 202 pages) La culture de toute époque sans doute comporte sa part d’objets composites, élaborés à partir d’éléments qui, à première vue, n’ont guère de points communs et qui paraissent mêler à loisir les genres et les univers — Jésus en pleine méditation bouddhiste ou Bouddha sur une croix, le jour et la nuit réunis sur la même toile, le laid envisagé comme symbole du beau. Si on ne voit souvent dans ces œuvres hybrides que dispersion, incohérence et emprunts mal assimilés, ce livre se propose plutôt de mettre en lumière ce qui se joue dans le processus de recomposition et de bricolage dont elles résultent. La culture des contraires qu’il met ainsi en évidence se donne à voir dans des sujets aussi variés que le symbolisme ancien, les conduites extrêmes, les graffitis, la création artistique surréaliste ou encore le phénomène des films cultes. Les tensions et les contradictions qui animent ces réalités éclectiques traduisent en même temps créativité et dynamisme qui sont, à n’en pas douter, une caractéristique décisive de notre propre culture contemporaine.

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Des jeux et des rites (Liber, 2008, 264 pages) Dans son Homo ludens, Johan Huizinga a mis en lumière ce qui rapproche le jeu du secret, du mystère, de l’action sacrée — bref, du rite. Réciproquement, l’action rituelle est un spectacle, une représentation dramatique, une figuration, un geste répétitif et réglé: en d’autres termes, un jeu. Quelle que soit sa valeur, ce rapprochement entre le jeu et le rite est apparu comme un outil à la fois provocant et prometteur. D’autant plus que, à bien des égards, la culture contemporaine manifeste un engouement considérable pour d’innombrables formes ludiques. À partir de l’analyse d’une « action ludique », il serait ainsi possible de déboucher sur le rite. Mais, à l’inverse, en examinant un rite, c’est bel et bien au jeu que l’on aurait le sentiment d’aboutir. Pourrait-on dès lors, au sens strict — et non à celui d’une vague analogie —, poser une équivalence entre rite et jeu?

Quelques textes consacrés à mes livres :

Louis Cornellier, « Perdre la tête », sur La greffe de tête. Entre science et fiction (2017).
Christian Vachon, « Perdre sa tête », sur La greffe de tête. Entre science et fiction (2017).
Louis Cornellier, « La troublante expérience de l’autre en soi », sur L’imaginaire de la greffe. Le même et l’autre dans la peau (2015).
Myriam Daguzan Bernier, « La greffe : quand le corps se fait multiple », sur L’imaginaire de la greffe. Le même et l’autre dans la peau (2015).
François-Ronan Dubois, compte-rendu de La culture recyclée en dix chapitres réutilisables (2012).
Olivier Martin-Mombert, compte-rendu de La culture des contraires. Éclectisme, syncrétisme et bricolage (2011).